A la fois accueillants et fiers, les Bédouins omanais ont trouvé un juste équilibre entre
valeurs traditionnelles et ouverture sur le monde moderne.
Le terme « bédouin » vient de l’Arabe badw qui signifie habitant du désert. De nos jours, la
subsistance de ces tribus nomades dépend en grande partie du travail saisonnier de la culture du
palmier dattier, de la récolte de céréales, de la pêche ou encore de l’élevage. On recense à Oman
plusieurs tribus nomades parmi lesquelles les Bédouins du désert, les montagnards et ceux
installés près des côtes. Bien que le port de la dichdacha, le vêtement officiel omanais, soit
désormais courant, on reconnaît les hommes des différentes tribus aux couleurs de leurs turbans
(masarr) et à la façon de les nouer (le chapeau est réservé pour les habitants des villes), ainsi
qu’aux couleurs chatoyants des vêtements des femmes, composés d’un pantalon brodé et de
tissus superposés aux motifs indiens et africains.
Les deux tiers du territoire omanais sont occupés par les déserts et les dunes, où les points d’eau
sont rares et la végétation inexistante. De nos jours, l’irrigation par le système des falajs favorise
les établissements permanents dans des villes-oasis. Mais au-delà de ce court rayon d’action, la
nourriture est rare dans le désert, même pour le chameau. L’arfaj et le rimth, herbes fréquentes
dans les zones sableuses, sont utilisées comme fourrage. Le dromadaire reste le moyen de
locomotion le plus fiable.
Les tribus nomades du sud comme les Wahiba construisent des huttes (barasti) faites de
branchages et de feuilles de palmier tandis que ceux du nord comme les Rawashid préfèrent des
tentes plus confortables confectionnées de laine noire avec le poil des dromadaires et des chèvres,
le beït es-shaar. La partie des femmes est séparée de celle des hommes, le seul endroit de la maison
autorisé aux étrangers. Pendant la période où ils séjournent dans les oasis, les Bédouins
confectionnent divers objets qu’ils utiliseront lors de voyages ultérieurs, comme par exemple les
poteries. L’hospitalité sous la tente est l’un des premiers devoirs du nomade et repose sur la
notion de responsabilité collective.
Ces zones naturellement reculées et d’un accès difficile, abritent des populations semi-nomades
aux moeurs farouches. Aucun homme ne sort sans ses armes, parmi lesquelles le poignard à large
lame recourbée, le khanjar. L’existence dans les zones montagneuses est assez frustre et les
conditions de confort y sont souvent rudimentaires. La montagne recèle des canyons profonds et
étroits au fond desquels sources et rivières font naître et entretiennent la vie. La découverte du
ruban vert qui annonce un wadi est toujours une surprise pour le voyageur qui a traversé de longues étendues desséchées et désolées. L’économie bédouine de montagne repose sur l’élevage semi-sédentaire des ovins qui fournissent
du lait, de la viande et le cuir. Les femmes ont souvent la charge du troupeau qu’elles mènent
paître dans les rares arbustes. Les palmiers-dattiers constituent la première ressource des oasis de
montagne. D’énormes foires aux dattes ont lieu à Nizwa, perpétuant ainsi l’un des plus anciens
rites agraires de cette partie du monde. Les montagnards restent toujours très concernés par tout
ce qui se rattache à la tradition courtoise de la chevalerie arabe, notamment par le prestige attaché
aux armes, fusils, poignards et revolvers. On extrait une résine nommée luban de l’arbuste boswellia
pour en fabriquer de l’encens. Elle est récoltée par les Bédouins Jabali (littéralement « les
montagnards) dans le nord du Dhofar.
Même si les travaux de la mer ne correspondent guère à l’imagerie associée aux Bédouins,
toutefois, ils mobilisent les hommes pendant plusieurs mois que ce soit pour la pêche ou pour le
ramassage des huîtres perlières. Le littoral de la mer d’Oman est connu dans les textes comme la
côte des ichtyophages, ou mangeurs de poisson. De Quryat à Sour, la montagne laisse peu de
place à la plaine côtière, là où les sardines séchant à l’ombre des palmiers sur les hauts de plage
font encore partie du paysage.
Tout le long de la côte d’Arabie Orientale s’ouvre une fosse maritime à la fois très profonde et
très proche de la côte. C’est une voie de migration saisonnière et de millions de sardines passent
chaque année en banc devant Ras al Jinz, la plage aux tortues. Au début du printemps, les
pêcheurs les suivent. Le poisson frais (thon, thazard ou maquereau géant) est vendu sur les
marchés locaux ou exporté tandis que le poisson séché nourrira l’année durant les chèvres et les
chameaux du Sultanat. Les incroyables ressources de l’Océan Indien ont livré leur dernier secret :
l’ormet ou oreille de mer, un mollusque nacré et charnu prisé des Japonais qui absorbent
l’intégralité de la production omanaise.
Le gouvernement omanais favorise la sédentarisation des Bédouins pêcheurs et, pour cela, les
aide financièrement lorsqu’ils décident de faire construire une maison en dur. Mais les pêcheurs
de la région ne peuvent se fixer définitivement, puisque non seulement ils vivent au rythme des
migrations du poisson, mais aussi parce qu’ils partent, de juin à octobre, dans une grande oasis de
l’Oman intérieur, Bilad Bani Bu Hassan, afin d’y récolter des dattes. Car, pendant les mois d’été,
quand soufflent les vents de mousson, la mer est trop forte pour pouvoir s’y aventurer.
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